La Transfiguration de Jésus au mont Thabor

DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME – La Transfiguration 

1 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les emmène, à l’écart, sur une haute montagne.
2 Et il fut transfiguré devant eux: son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.
3 Et voici que leur apparurent Moïse et Elie, qui s’entretenaient avec lui.
4 Pierre alors, prenant la parole, dit à Jésus: « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici; si tu le veux, je vais faire ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. »
5 Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les prit sous son ombre, et voici qu’une voix disait de la nuée: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le. »
6 A cette voix, les disciples tombèrent sur leurs faces, tout effrayés.
7 Mais Jésus, s’approchant, les toucha et leur dit: « Relevez-vous, et n’ayez pas peur. »
8 Et eux, levant les yeux, ne virent plus personne que lui, Jésus, seul.
9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: « Ne parlez à personne de cette vision, avant que le Fils de l’homme ne ressuscite d’entre les morts. »

(Matthieu XVII 1, 9)

La Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur le mont Thabor

La Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur le mont Thabor

 

Vous pouvez lire le récit de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Évangile selon Saint Matthieu (Matthieu 17, 1-9), dans l’Évangile selon Saint Marc (Marc 9, 2-10) et dans l’Évangile selon Saint Luc (Luc 9, 28-36)

 

PREMIÈRE INSTRUCTION

Les témoins, le lieu et le temps de la Transfiguration

En se transfigurant devant trois de ses Apôtres seulement, à l’écart, sur le sommet d’une haute montagne, et tandis qu’il priait (cf Lc IX, 29) Notre-Seigneur nous enseigne donc surtout ces trois importantes leçons, savoir :

La première, que les grâces de choix ne sont pas accordées à tout le monde, mais que Dieu en favorise ceux qu’il veut, sans que les autres puissent se plaindre, puisque tous reçoivent les grâces nécessaires au salut.

La deuxième, que Jésus ne nous mène jamais au milieu du monde, mais toujours dans la retraite, et que si même il nous conduit par le chemin ardu des épreuves, c’est une marque de son affection particulière pour nous.

La troisième enfin, que le temps de la prière est celui ou il se révèle plus spécialement à nous, en éclairant notre âme sur nos devoirs et en échauffant notre cœur pour les accomplir.

Conformément à ses leçons, ne désirons donc pas, chrétiens, de grâces extraordinaires, dans lesquelles notre orgueil pourrait trouver une occasion de péché ; mais recevons avec une profonde reconnaissance les grâces communes, qui nous permettent d’accomplir humblement et sûrement notre salut.

En second lieu, évitons le plus que nous pouvons les vaines sollicitudes et surtout le bruit et les amusements du siècle, et aimons à suivre le mouvement divin qui nous conduit dans la retraite, tout au moins dans celle du cœur.

Et s’il plait à Dieu de nous imposer des fatigues plus ou moins dures, sachons que c’est pour nous faire gravir la montagne de la perfection, au sommet de laquelle Il nous récompensera en se manifestant à nous. Enfin, dans notre retraite ou au milieu de nos épreuves, appliquons-nous sans cesse à l’exercice de la prière, car c’est elle qui sanctifie la solitude, qui donne aux croix leur caractère et leur mérite, et qui transporte l’âme aux pieds de Dieu, de qui découle sur elle les grâces de lumière et de force qui la transfigurent.

Puissions-nous, chrétiens, observer avec fidélité ces diverses leçons, et mériter ainsi, après l’invisible transfiguration de notre âme en ce monde, la glorieuse transfiguration du Ciel.

Ainsi soit-il

 

DEUXIÉME INSTRUCTION

La Transfiguration de Notre-Seigneur

En quoi consiste la Transfiguration de Notre-Seigneur sur le mont Thabor, qu’elle fut la figure de la transfiguration glorieuse des élus dans le Ciel et que pour arriver à cette transfiguration glorieuse, il faut ici-bas nous transfigurer de pécheurs en justes. C’est dans son propre Corps que Notre-Seigneur a été transfiguré, et c’est aussi dans leur âme et dans leur propre corps que seront glorieusement transfigurés au Ciel ceux qui se seront sincèrement et courageusement transfigurés sur la terre dans leur conduite et dans toute leur vie.

Notre transfiguration laborieuse ici-bas, opérée par nos soins incessants, est d’ailleurs la condition indispensable de la transfiguration glorieuse dont Dieu récompensera au Ciel notre bonne volonté sincère et nos réels efforts.

Rappelons-nous sans cesse, chrétiens, ces vérités, aussi instructives que pleines d’encouragement. Instructives, dis-je, car elles nous préservent de l’illusion de croire qu’on peut arriver à la gloire du Ciel sans passer par les souffrances volontairement endurées et embrassées d’ici-bas. J’ajoute pleines d’encouragement, car s’il est certain qu’après avoir souffert, Notre-Seigneur est entré dans sa gloire, il ne l’est pas moins qu’en souffrant à son exemple nous y entrerons à notre tour sur ses pas.

Ayons donc les yeux toujours fixés sur l’admirable récompense qui nous est préparée, et les travaux qu’il faut accomplir pour la mériter nous paraîtrons faciles. Nous accomplirons ainsi plus volontiers ces travaux, et ainsi nous mériterons plus sûrement la récompense de l’éternelle transfiguration céleste. Ainsi soit-il.

 

TROISIÈME INSTRUCTION

De ce qui se passa sur le Thabor pendant la Transfiguration

Telles sont chrétiens, les principales instructions que renferment pour nous l’apparition de Moïse et d’Élie sur le Thabor, leur entretien avec Jésus et l’intervention de Pierre.

L’apparition de Moïse et d’Élie nous confirme surtout la mission divine de Jésus, car leur présence atteste qu’Il est d’accord avec eux en toutes choses, par conséquent qu’Il est le Messie qu’ils ont annoncé : autrement ils ne Lui auraient pas donné l’appui de leur adhésion.

Leur entretien avec le Sauveur nous rappelle principalement que la vérité fondamentale du Christianisme, c’est qu’on ne peut arriver à la Gloire dans le Ciel qu’après avoir porté ici-bas sa croix.

Enfin l’intervention de saint Pierre est surtout une confirmation de cette vérité, en ce qu’il est jugé n’avoir pas compris ce qu’il disait, lorsqu’il demandait à jésus de rester avec eux sur le Thabor plutôt que d’aller à Jérusalem pour y mourir sur la Croix.

Ranimons donc, chrétiens, notre foi en la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, si solennellement attestée par les deux plus illustres et les deux plus saints personnages de l’ancienne loi. Et en même temps pénétrons-nous plus que jamais de la nécessité de souffrir pour arriver au Ciel, puisque c’est la vérité qu’Il a voulu nous enseigner dans cette circonstance particulièrement mémorable de la Transfiguration.

Bref, croyons en Jésus-Christ, et souffrons en union avec Lui : voilà en deux mots ce que nous suggère de faire la considération du mystère de la Transfiguration. Que si nous sommes fidèles à cette double pratique, ayons l’assurance qu’un jour nous contemplerons à notre tour, sur le céleste Thabor, non pas seulement le Corps glorifié du Sauveur, mais sa divinité elle-même, source de tout bien, de toute joie, de tout bonheur. Ainsi soit-il.

 

QUATRIÈME INSTRUCTION

La Voix qui sort de la nuée

Chrétiens, Jésus est notre Dieu et notre Législateur souverain.

Il est notre Dieu, puisque la voix du Père céleste, qui s’est fait entendre du sein de la nuée sur le Thabor, l’a proclamé son Fils bien-aimé.

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances. Écoutez-le ! »

Il est notre Législateur souverain, puisque cette même voix céleste nous a commandé de l’écouter dans tout ce qu’Il nous enseignerait et dans tout ce qu’Il nous prescrirait.

Que ces vérités si importantes ne restent donc pas pour nous de simples spéculations. Qu’elles produisent en nous leur effet naturel, c’est-à-dire mettons notre conduite en rapport avec notre croyance. Jésus est notre Dieu ? Nous le croyons du fond de notre cœur ? Ayons pour Lui le même respect que Lui témoignent Moïse et Élie ; ayons pour Lui le même dévouement que Lui témoigne Pierre ; ayons pour Lui le même amour que fait paraître le Père céleste.

Il est notre Législateur souverain? Soumettons notre esprit à ses enseignements, notre volonté à ses prescriptions. Soyons hommes autant que chrétiens ; c’est-à-dire soyons conséquents avec nous-mêmes, comme le veut la simple raison humaine ; c’est-à-dire encore une fois, si nous croyons une chose, agissons en conséquence ; et pour le cas présent, offrons à Jésus l’hommage de tout ce qu’il y a de meilleur en nous, puisqu’il est notre Dieu, et soumettons-nous sans réserve à tous ses ordres et à toutes ses Volontés, puisqu’Il est à l’exclusion de tout autre, celui que nous devons écouter.

Si les trois Apôtres pierre, Jacques et Jean, en entendant la voix divine leur adresser des paroles si agréables et si calmes, furent cependant « saisis d’une telle terreur qu’ils tombèrent par terre », jugez de l’effroi que nous éprouverons au jour du jugement dernier, lorsque Dieu viendra faire entendre les arrêts de sa Justice redoutable. C’est alors que les pécheurs, épouvantés de n’avoir pas écouté la voix de j ésus pendant leur vie, crieront aux montagnes de tomber sur eux pour les dérober à la vue du Juge vengeur (Apoc. VI,16).
Mais si nous avons vécu en chrétiens sincères, c’est-à-dire si nous avons toujours été dociles à ce que nous aura dit Jésus par les diverses voix dont il se sert pour se faire entendre de nous, notre frayeur ne sera pas de longue durée, car le souverain Juge, d’un seul regard, et sans même avoir besoin de nous rien dire, nous fera comprendre que nous n’aurons rien à craindre. Alors nous attendrons  en paix l’instant où il nous appellera à sa suite pour nous donner part à son éternelle Transfiguration dans le Ciel. Ainsi soit-il.

(Instructions tirées de l’ouvrage La somme du prédicateur sur les temps liturgiques et les Évangiles par P. Grenet)

 

Autres méditations sur la Transfiguration (Les trois raisons de la transfiguration – Extraits du sermon du 6 août 1967, fête de la Transfiguration – par frère Georges de Jésus) – CLIQUEZ ICI